Los Angeles est connue pour être la définition même de la jungle urbaine. De ses débuts de pueblo espagnol à la ville tentaculaire, la cité des anges a connu un développement bien différent des autres villes américaines. Dès les années 1920, et surtout à partir des années 1950, la ville est pensée par et pour l’automobile avec ses stations essence, ses drive-in ou encore ses centres commerciaux.
La disparition d’un éden
Au début du 20ème siècle, elle est décrite comme un paradis sur terre avec une nature vierge et des terres agricoles fertiles. La zone est malheureusement devenue rapidement le contraire de cet éden décrit. Les besoins en eau toujours croissants, la destruction des terres agricoles et des paysages naturels ont asséché la vallée Owens et le fleuve Los Angeles. Le développement du réseau ferroviaire puis celui de l’automobile a favorisé très tôt l’étalement urbain. En 1925, la ville compte déjà une voiture pour 1,6 habitant, ce qui représente le taux le plus élevé des États-Unis à cette époque.[1] Dans les années 1930, la ville commence la construction des freeways, ces autoroutes gratuites financées par l’Etat californien. La première est inaugurée en 1940, alors que la ville compte déjà 1 million de voitures.

Échangeur à Los Angeles, Photo : Iwan Baan, 2011
Pas un centre mais plusieurs
Aujourd’hui, Los Angeles s’étend sur 1 290 km. Tout a été pensé pour l’automobile, rien n’est concentré dans une seule zone. La ville n’a donc pas de centre mais plusieurs. Il est d’ailleurs difficile de visiter la ville pour un touriste dépourvu de véhicule. Le réseau de transports en commun n’est pas encore à la hauteur d’une grande ville occidentale, même si le réseau se développe toujours. En 2016, les habitants du centre pourront, pour la première fois, prendre le métro pour aller à la plage à Santa Monica.
Se libérer de l’automobile
Avec la pollution, la congestion et le prix prohibitifs du stationnement, des initiatives existent peu à peu pour rêver à une ville sans voiture.
Depuis 2010, l’événement CicLAvia, gratuit et ouvert à tous, expérimente Los Angeles libérée des automobiles. En espagnol, cela signifie « piste cyclable ». Dans certaines zones de la ville tous les transports à moteurs sont alors proscrits. Cet espace laisse donc la place au vélo, au skateboard, à la course à pied ou tout simplement la promenade. L’objectif principal est d’encourager les moyens de transports non polluants, de sensibiliser à la bonne la qualité de l’air de la ville ainsi qu’à la réduction les nuisances liée à la circulation automobile.

CliLAvia libère la rue de l’automobile, Photo : Los Angeles Department of City Planning. Mobility Plan 2035. An Element of the General Plan. Version du 28 mai 2015
En outre, le concept des rues complètes, c’est-à-dire des rues partagées à la fois par les cyclistes, les piétons, les voitures, les camionnettes de livraison et les transports en commun, tente de se faire une place. Los Angeles tente d’exploiter les possibilités qu’offrent ses rues très larges, pour installer un réseau multimodal.

Exemple de rue complète, Complete street, Photo : Los Angeles Department of City Planning. Mobility Plan 2035. An Element of the General Plan. Version du 28 mai 2015
Si le chemin pour une ville avec moins de voiture semble encore long et difficile, les initiatives pour sensibiliser le public et les nouveaux principes d’aménagement permettent d‘espérer de véritables alternatives au tout automobile dans la cité des Anges. Toutes les initiatives se retrouvent dans un plan pour les vingt prochaines années, baptisé Mobility Plan 2035.
[1] Davis M., 1997, City of Quartz, Los Angeles capitale du futur, Paris, La Découverte, 391 p.