Et si la neige devenait urbaniste ? C’est en tout cas l’idée que certains veulent nous faire croire. La neige est, en effet, un remarquable outil pour relever les traces des véhicules sur la route et faire apparaître les surfaces asphaltées superflues. L’hiver, alors que les tempêtes de neige se succèdent sur certaines routes nord-américaines, des tapis blancs restent vierges avant les opérations de déneigement. Il en faut alors peu pour imaginer que ces espaces non utilisés par les automobilistes pourraient être mieux employés.

Après les averses de neige, plusieurs zones restent vierges à l’angle des rues Gilford et Drolet, dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Photo : Marc-André Carignan, source : jounalmetro.com

Sur Twitter, il est possible de trouver des exemples du même genre à partir de #sneckdown, Photo : This Old City, source : Journalmetro.com

Imaginer les intersections autrement, Photo : @BrooklynSpoke, source : Transportation Alternatives
Le sneckdown, un phénomène très connecté
Cette tendance à pointer les opportunités d’aménagement vient d’Amérique du Nord et porte le nom de sneckdown. C’est un mot valise composé de snowy (enneigé) et neckdown (avancée de trottoir). Ce phénomène est fortement relayé par les réseaux sociaux et parfois encouragé par les municipalités comme celle de Raleigh en Caroline du Nord aux Etats-Unis.
« Comme nous savons que la neige arrive, envoyez-nous vos photos de l’espace perdu au niveau des intersections de Raleigh. » a tweeté l’office des transports de Raleigh
La neige comme outil pour apaiser la rue
L’objectif est d’utiliser la neige comme un calque des mouvements de circulation pour aménager la chaussée et diminuer l’espace dédié à la voiture. Ainsi, il est possible de calmer le trafic automobile et de réduire la distance à traverser pour les piétons aux intersections. L’idée est également d’investir ces espaces par des plantations de verdures et de tenter de diminuer les îlots de chaleur.

Exemple de saillie végétalisée sur le Plateau (Montréal, QC) pour réduire les îlots de chaleur et ralentir la circulation, Photo : Marc-André Carignan, source : journalmetro.com

Exemple de saillie végétalisée sur le croisement Saint Zotique-Chambord (Montréal – QC), photo : Marion Robriquet
Les précautions à prendre
Ce concept doit cependant parfois s’accompagner d’une évolution des règlements d’urbanisme et d’une volonté politique. En effet, les normes en termes de dimensions des voies peuvent présenter un frein à ces aménagements, notamment pour des questions d’accès des véhicules de secours aux bâtiments. Il faut également noter que si la neige est un bon outil urbanistique, c’est également un obstacle à l’utilisation de l’automobile, surtout lorsque les opérations de déneigement n’ont pas commencé. Le trafic est moindre pendant ces tempêtes. Il s’agit d’un paramètre à prendre en compte lors de la réflexion des aménagements.
Outre ces précautions, les améliorations qui peuvent en résulter ne sont pas négligeables et apportent un meilleur partage de l’espace public notamment en Amérique du Nord où les avenues pour les voitures sont le plus souvent très larges. L’idée n’est d’ailleurs pas nouvelle. Dan Burden, directeur du Walkable and Livable Communities Institute, un institut qui promeut la marche explique qu’il utilise les marques de neige pour enseigner des concepts d’ingénierie urbaine depuis les années 1990.